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Intervention de Pierre Sigonneau

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Apport d'une activité de traducteur pour un rédacteur technique

La première définition intuitive du rédacteur technique est celle d'une "personne qui rédige des textes techniques pour les entreprises et leurs clients". Il est possible de trouver aujourd'hui ce "qui rédige" trop restrictif et de le remplacer par "qui travaille, manipule ou exploite" ; les travaux possibles étant nombreux, traitant du contenu et de la forme (linguistique, informatique, graphique, etc.).

Ne pourrait-on, par analogie définir le traducteur comme un de ceux qui "travaillent" sur la forme (passer d'une langue à une autre) sans toucher au contenu (respecter au mieux la pensée de l'auteur originel du document).

Partant de ces définitions, qui mettent en parallèle les deux activités, essayons de recenser les apports possibles de l'activité de traduction pour le rédacteur.

Pour progresser, le rédacteur technique a besoin de traiter régulièrement des textes issus d'autres sources. Il le fait à partir de textes émis en amont de sa prestation avec l'optique de s'informer. En effectuant des prestations de traduction, il accomplit des travaux qui vont plus loin : en plus de s'informer, il doit comprendre et faire comprendre scrupuleusement tous les aspects possibles d'un texte (fonds, forme, structure, précision, etc.) et, par là même, se livre à une démarche critique constructive. C'est cette pratique qui l'enrichit pour ses propres rédactions ultérieures.

Aujourd'hui, de nombreuses assistances existent pour accomplir cette activité de traducteur ; fini l'emploi du dictionnaire trop lourd à porter remplacé par les logiciels gestionnaires de traduction et les consultations d'Internet pour appréhender les tous derniers néologismes en train d'émerger. La pratique des moyens modernes de traduction apprend au rédacteur à gérer son portefeuille de phrases standardisées (les phrases qui concernent des actions semblables par exemple).

S'il est demandé au rédacteur d'être très à l'aise dans l'emploi de la langue manipulée, il est certain que le monde de l'entreprise ne se satisfait plus d'une seule langue. En Europe, nous serons bientôt 25 pays aux langues différentes. La pratique de la traduction prépare le rédacteur à aborder la localisation et aux besoins de précision consécutifs.

D'autres apports nous paraissent plus classiques :

  • Amener le rédacteur à mieux maîtriser sa propre langue, tant sur le fond par le respect d'un glossaire lié au produit, que sur la forme par l'emploi de formulations précises et sans ambiguïté.
  • Se préparer à ce que ses propres textes, le document " source ", soient simples à traduire ; les coûts de traduction sont toujours trop élevés compte tenu de leur faible valeur ajoutée : le document " objet " ne fait que remédier à une lacune involontaire du texte initial qui n'était pas dans la bonne forme linguistique.
  • Participer à une démarche qualité, en effectuant des relectures après traduction de textes liés à un métier connu.

Pour conclure, il convient de citer le domaine où l'activité de traduction n'a qu'un apport faible pour le rédacteur technique. Il s'agit du domaine financier ; effectuer une traduction est moins rémunérateur que rédiger un manuel ou une aide en ligne.

Au sujet de Pierre Sigonneau

Exerçant une activité régulière de rédaction technique chez PSV, essentiellement sur les logiciels de gestion après avoir tenu des postes techniques et administratifs en entreprise, j'ai été amené à effectuer des travaux de traducteur mettant en œuvre une maîtrise de la langue anglaise et une forte expérience technique. La contribution ci-dessus tente une synthèse de cette expérience.