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Intervention de Térence MacNamee

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Le facteur culture dans le travail du rédacteur technique

Il est généralement accepté que le phénomène de la culture joue un rôle dans le travail du rédacteur technique. Mais on a voulu limiter la discussion de la culture dans la rédaction technique le plus souvent aux questions de "localisation" ou d' "internationalisation" de manuels et de logiciels écrits en anglais. Or, le rôle de la culture dans notre profession s'avère beaucoup plus différencié et multiforme. Le facteur culture affecte non seulement la rédaction proprement dite, mais le contexte interpersonnel étendu du travail. La réalité du travail du rédacteur technique se traduit par une très haute densité de la communication interpersonnelle. Souvent le rédacteur technique est un maître Jacques de la communication, quelqu'un qui circule dans l'entreprise et aide avec des problèmes de communication surtout mais pas exclusivement écrite: la documentation bien sûr, mais la correspondance, le marketing, même la pub. (Demander aux participants :) Comment le facteur culture se montre-t-il dans vos rapports quotidiens avec les collègues, les informateurs techniques (subject matter experts), les partenaires étrangers, mais aussi ces partenaires essentiels que sont les clients ?

Dans la mesure où il y a une facteur culture dans notre travail, comment pouvons-nous en venir à bout, le comprendre et le maîtriser ? Je passe en revue les données de la discipline moderne du "management interculturel". Je présente une définition sociologique de la culture, une mise au point des rapports entre cultures et langues, et les grandes lignes de la recherche récente dans le domaine. J'essaie de dépasser un certain modèle américain de la culture, selon laquelle celle-ci est perçue uniquement comme élément perturbateur empêchant la clarté de la communication, pour faire valoir un modèle "européen", selon laquelle la culture est un facteur dynamique qui, une fois maîtrisé ou compris, peut faciliter la collaboration internationale et devenir source même de synergie. Je cite en première ligne le travail de Jacques Pateau, Une étrange alchimie: la dimension interculturelle dans la coopération franco-allemande: Paris: CIRAC: 1998. Je résume ses conclusions sur les différences culturelles, dans le contexte du travail et des affaires, entre Allemands et Français.

(Demander aux participants :) Comment ce modèle s'appliquerait-il à d'autres situations de contact interculturel dont vous avez fait l'expérience, notamment aux différences culturelles entre Français et Anglo-Saxons ?

Cela nous amènera à considérer le rôle de l'anglais, omniprésent aujourd'hui dans la communication d'affaires. (Demander aux participants :) L'usage de l'anglais langue véhiculaire permet-il de contourner le problème des différences culturelles? Au contraire, l'anglais, véhicule admirable pour des tâches minimales de communication, peut être générateur de mécompréhension entre interlocuteurs non-anglophones dans des situations plus délicates, notamment les négotiations et le partenariat d'affaires, où la culture est un facteur prépondérant.

Les rédacteurs techniques en milieu d'affaires internationales se doivent de se familiariser avec les données du management interculturel. Nous sommes souvent pas très renseignés sur la culture, même ceux d'entre nous qui ont affaire à la traduction multilingue de manuels. Il est à déplorer que la culture ne fait pas encore partie intégrante et systématique du programme dans l'enseignement des langues secondes. Les cadres, eux, n'ont généralement qu'une idée très approximative de la culture et de la manière dont elle affecte le travail des équipes internationales.

Comment développer des compétences interculturelles au sein de l'entreprise? Le rédacteur technique, une fois renseigné sur les problèmes, peut jouer son rôle: c'est un rôle de sensibilisation des collaborateurs et des cadres à la dimension culturelle des défis qu'apportent la pratique des affaires en milieu internationale. (Demander aux participants comment ils se verraient dans ce rôle. Description de mes propres expériences professionnelles.)

A propos de Térence MacNamee

Térence MacNamee est canadien, d'origine irlandaise. Il a fait des études de linguistique comme élève du prof. Ch.-P. Bouton à Vancouver, où il a eu son doctorat en 1982.

Il a travaillé comme rédacteur technique auprès des gouvernements de la Colombie-Britannique et du Canada entre 1986 et 1995. A l'heure actuelle, il est le rédacteur technique de la société Hamilton Bonaduz AG, filiale d'une entreprise américaine implantée en Suisse alémanique. Il détient un rôle non seulement dans la documentation et la rédaction de manuels destinés aux utilisateurs du matériel et des logiciels produits par cette entreprise de haute technologie, mais aussi dans plusieurs aspects de la communication entre les équipes suisse et américaine. Ses intérêts de recherche comprennent les aspects linguistiques et culturelles de la communication au sein des entreprises internationales; ses publications savantes les plus récentes en témoignent. Il est membre de la Society for Technical Communication et de la TECOM (Suisse). Il habite à Coire dans les Grisons.