L'interdisciplinarité et la terminologie
Les termes migrateurs
De nos jours, les problèmes de la science se trouvent au croisement
des disciplines ou des domaines différents, ainsi que leurs réponses
font appel aux connaissances interdisciplinaires ou transdisciplinaires.
Face aux grandes questions, les scientifiques, poussés par le besoin
d'exactitude, cherchent des piliers pour leurs théories dans des
modèles déjà existants. Est-ce que les mathématiques
pourraient répondre à cette nouvelle tendance ? Pourquoi
le discours mathématique est-il capable, par sa forme, d'interdire
le refus de son contenu ? Le terme mathématique transgresse-t-il
son domaine ? Quelles sont les propriétés qui favorisent
la migration ?
La communication constitue le mot-clé de l'époque actuelle.
De nombreuses sciences rendent compte de différents aspects de
la communication. L'enjeu de la terminologie est de fournir des termes
mono-référentiels et mono-sémantiques susceptibles
de réaliser la communication sans reste que la science exige.
Il existe - d'une part - des champs d'étude qui font l'objet de
la recherche de plusieurs domaines scientifiques et qui permettent l'apparition
des termes scientifiques interdisciplinaires. D'autre part, les sciences,
pour perfectionner leurs instruments d'investigation, s'approprient des
méthodologies qui appartiennent à d'autres sciences. Dans
le cas des mathématiques il s'agit de ce qu'on appelle la mathématisation
des sciences (par exemple, des sciences du langage). Voilà deux
types de migration de termes scientifiques que l'on va analyser dans cet
article. On va examiner les termes scientifiques interdisciplinaires ayant
comme trait commun le fait que tous appartiennent au domaine des mathématiques.
On va établir les domaines dans lesquels on retrouve le même
terme, mais aussi la direction de la migration et la tendance générale
de transfère d'un domaine à l'autre en essayant de montrer
l'existence des classes spécifiques des termes " émigrants
" ou " immigrants " et la préférence des
termes pour un domaine ou un autre ; on va établir aussi la préférence
pour un domaine ou un autre d'être l'origine ou la cible de la migration.
On va distinguer les contacts profonds entre les domaines, qui se reflètent
au niveau du lexique dans l'existence des termes interdisciplinaires mono-
sémantiques (phénomène qu'on va appeler interdisciplinarité
ou migration totale) et les contacts superficiels entre différents
domaines, fait qui renvoie aux termes dont la caractérisation de
mono-sémantique est difficile à défendre (phénomène
qu'on va appeler interférence ou migration partielle).
La méthodologie qu'on va adopter pour étudier ces phénomènes
combine des méthodes d'analyse du discours, de lexicologie et de
sémantique. On va utiliser le dictionnaire pour établir
le corpus, une démarche de va-et-vient entre la sémasiologie
et l'onomasiologie pour envisager les phénomènes sémantiques
qui accompagnent la migration et l'analyse du discours pour examiner le
co-texte (linguistique) et le contexte (non-linguistique) qui permettent
la migration.
Cristina Alice Toma travaille à luniversité de Genève
|